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La Chouette effraie

Je fais souvent ce rêve étrange et pénétrant d'une Dame à sa fenêtre… Enfin à son clocher…

La Chouette effraie, Tyto alba. Famille des tytonidés.

Elle effraie

Ce rapace nocturne est aussi connu sous le nom d'Effraie des clochers, ce haut lieu de l'église étant un de ses endroits préférés pour installer sa nichée. Elle affectionne aussi les granges, comme l'indique son nom anglais, Barn-Owl.

© J. COATMEUR

Effraies dans un clocher
Photo © J. Coatmeur / Corif

Mais on la connait aussi sous le nom de Dame Blanche. Car riche de ses nombreuses appellations, cette chouette n'a pas toujours été aussi bien gâtée par l'Homme.
Elle est en effet à l'origine de nombreuses histoires de fantômes. Elle a même été pendant de nombreuses années, clouée sur les portes des granges pour éloigner tous les malheurs du monde : mort, maladie, incendie, famine, …

© B.MUNOZ

La chouette effraie
Photo © B.Munoz / Corif

La Dame Blanche nous regarde…

Les deux disques faciaux très nets et en forme de cœur donnent à l'Effraie une physionomie caractéristique et la distinguent de tous les autres rapaces nocturnes.
Elle porte bien son nom de Dame Blanche, puisque les couleurs très claires dominent sur les parties de sa robe les plus exposées. En plus du masque facial, on compte le dessous des ailes ouvertes, les pattes et le ventre gris blanc à peine parsemé de petites tâches brunâtres.
Par contre, les parties supérieures sont brunes claires, voire rousses, tachetées de noir et de blanc.
L'Effraie est une chouette de taille moyenne parmi les cinq espèces de rapaces nocturnes présentes en Ile-de-France. Elle mesure 34 cm de long, pour presque un mètre d'envergure.
Les mâles pèsent entre 290 et 340 g, tandis que la femelle fluctue entre 310 et 370 g en dehors de la période de ponte et d'incubation, où là elle atteint plutôt 415 g en moyenne.

Des sons bien étranges…

La Chouette effraie est aussi très reconnaissable à ses cris. Le plus connu étant ce chuintement effrayant qu'elle pousse dans la nuit en vol et auquel elle doit son nom.
Mais l'Effraie a une autre particularité : elle ronfle ! Et en famille en plus !
Avec un ronflement, qui ressemble à celui d'un homme mais sans l'expiration, la femelle ou les petits réclament à manger depuis le nid, tandis que les individus partis en chasse ne l'émettent qu'une fois posés.

© L. DIDION

Détail du bec
Photo © L. Didion / Corif

© L. DIDION

Détail des serres
Photo © L. Didion / corif

Les griffes de la nuit…

Equipée d'une vue et d'une ouïe perçantes, de serres aiguisées et d'un bec crochu, la Chouette effraie chasse de nuit, à l'affut ou en vol et repère généralement ses proies acoustiquement, sans se faire entendre d'elles grâce à son vol silencieux (dû à ses plumes duveteuses et bordées d'un petit peigne qui limite le bruit de frottement avec l'air).
Ses plats préférés sont le Campagnol, le Mulot et la Musaraigne, cette dernière émettant des petits cris très repérables pour l'Effraie.
Elle s'accommode aussi d'autres petits oiseaux, comme les Moineaux, les Hirondelles ou les Etourneaux, en particulier dans les milieux suburbains, et à l'occasion, de batraciens.

Les parties non digestes (les os et les poils) sont régurgitées sous forme de pelotes de réjection, grises sombres, d'environ 4 cm de long sur 2-3 cm de large et arrondies aux deux bouts. Quand elles sont fraîches, elles diffèrent nettement de celles des autres rapaces nocturnes par leur surface brillante, noire, lisse.

© Photo JF Magne

Pelotes
Photo © JF. Magne / corif

Famille nombreuse et solidaire

Les couples montrent en général une fidélité durable à leur site de nidification, mais aussi à leur partenaire.
Le plus souvent les œufs sont pondus à l'intérieur d'un bâtiment, dans un endroit tranquille (supportant quand même les cloches des églises) et si possible sombre et spacieux.
Les parades nuptiales commencent généralement en mars ; le mâle dépose des proies à l'intention de la femelle bien avant qu'elle ne ponde, puis ensuite pendant toute la période d'incubation et même plus tard, lorsque les poussins sont en bas âge.
Une ponte compte en général 4 à 8 œufs, avec un intervalle de ponte de deux jours. L'incubation commence dès le premier œuf et dure 30 à 34 jours.
On observe donc un écart de taille important entre les premiers et les derniers-nés. La femelle réchauffe les jeunes jusqu'à ce que les plus âgés aient 15-20 jours. Par la suite, les jeunes se serrent contre les aînés qui les tiennent au chaud et qui peuvent également nourrir les derniers éclos.
Les jeunes Effraies mangent seules à trois semaines, s'envolent à 9 semaines et enfin quittent le territoire de leurs parents à l'âge de trois mois.
Si les micromammifères sont abondants, le couple pourra faire une deuxième portée pendant l'été de la même année, et donc élever jusqu'à 17 jeunes.

© Photo JF Magne

Jeunes dans le nichoir
Photo © JF Magne / Corif

Et pourtant c'est l'hécatombe !

Cependant, 9 Effraies sur 10 ne fêteront pas leur deuxième anniversaire et moins de 5% atteindront l'âge de 5 ans.
Cette forte mortalité est principalement due aux collisions avec les véhicules, mais surtout à la diminution des sites de nidification.
L'engrillagement des clochers d'église par souci de propreté, la restauration ou alors la destruction de certains vieux bâtiments et la fermeture des pigeonniers empêchent l'espèce d'accéder aux sites de reproduction favorables.

Pour remédier à cela, on peut installer des grands nichoirs (1 m de long, sur 60 cm de large et 50 cm de long) dans les clochers, les granges et autres bâtiments. En plaçant ce nichoir juste derrière une ouverture, on supprime le problème du salissement, et par là même, l'accès pour les chats et les fouines. Mais il est évident que la protection d'un environnement offrant une nourriture variée est une autre condition importante pour qu'une population d'Effraies puisse vivre.

© Photo JF Magne

Nichoir Effraie
Photo © JF Magne / corif


Bibliographie

- Baudvin H., Genot J.C., Y. Muller (1991) - Les rapaces nocturnes. Sang de la Terre. Paris. 1 : 23-68.
- Géroudet Paul (1978) - Les rapaces dirunes et nocturnes d'Europe. 4ème édition. Delachaux et Niestlé. Neuchâtel. P. 405-411.
- Mebs Théodore (1989) - Guide des rapaces nocturnes chouettes et hiboux. Delachaux & Niestlé. Neuchâtel et Paris. P. 44-51.