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Le Canard chipeau

Anas strepera

 

 

  © Canard chipeau

Canard chipeau mâle © M. Bitter

 

Ordre : Ansériforme
Famille : Anatidé
Genre : Anas
Espèce : Anas strepera

Un oiseau discret

Pour définir cette espèce, on la compare souvent aux autres, tant sa singularité est difficile à cerner : un peu plus petite, moins massive que son cousin le Canard colvert, une teinte à dominante grise beaucoup moins chatoyante que le plumage vif et contr asté d’un Canard souchet. Son front est pentu, mais pas autant que celui des fuligules, et son crâne aplati mais moins qu’un eider.

Comme la plupart des autres espèces de canards, le Chipeau a adopté la stratégie du dimorphisme sexuel, hors période de mue. Le mâle adopte un plumage nuptial sobre et austère, où le gris recouvre sa tête et ses flancs. La lumière du jour peut faire varier la coloration générale, vers le brun. Des tâches brun marron égaient quelque peu la partie supérieure de l’oiseau. De près, on découvre que son plumage est vermiculé de façon élégante, notamment sur la poitrine et les flancs.

Quand le mâle vole, on notera son ventre blanc. A l’arrière, le contraste entre la blancheur de son miroir contraste de façon élégante avec le reste du corps sombre . Lorsqu’il est sorti de l’eau, notre attention se porte sur l’orangé de ses pattes. Enfin, son bec est d’un magnifique gris plombé. En période de mue, son p lumage se rapproche de celui de la femelle.

© Canard chipeau

Couple de Canard chipeau © Imran Shah

Cette dernière peut se décrire comme une petite cane de colvert, avec, outre sa dimension inférieure, pour seule différence notable, la présence d’un miroir blanc (bleu pour la femelle de Canard colvert). De près ou muni d’un bon instrument optique, le bec s’avère être un autre bon critère distinctif : il est bicolore, divisé de façon nette entre d’une part deux parties orange sur les côtés, et d’autre part le brun uni sur une tranche centrale, tandis que la femelle de Canard colvert porte des taches brunes par semées aléatoirement sur la mandibule supérieure.

L’espérance de vie moyenne est de 7 ans (Birdlife international).

© Canard chipeau

Canard chipeau, mâle et femelle © M. Bitter

Un canard d’eau douce

Ce canard de surface est bien évidemment une espèce aquatique, mais d’eau douce, voire saumâtre. Son alimentation est principalement composée de matières végétales (racines et pousses de plantes aquatiques), de graines, de céréales, et, à l’occasion de petits animaux tels que vers, mollusques, larves d’insectes, têtards, plancton.

Un amour de canard

Les couples s’installent fin mars. La parade nuptiale ressemble fort, là encore, à celle du Colvert, le mâle abaissant et relevant la tête et agitant la queue, tandis que la femelle répond en remuant la tête. Les vols nuptiaux, consistant en des poursuites, indiquent la présence de couples nicheurs sur de grands étangs bordés de roseaux et de laîches, ou le long de cours d’eau lents, ou bien encore au dessus de marais avec plans d’eau. Toutefois, ces parades et poursuites peuvent s’effectuer aussi aux étapes migratoires prénuptiales.

Lors de la période de reproduction, dont la durée s’étale de mai à fin juin, les couples sont bien isolés les uns des autres. Les nids sont construits au sol, sous des fourrés de buissons riverains, épais de préférence, mais quelquefois plus à découvert au sein de colonies de Laridés. Ils sont composés d’herbes, de feuilles sèches et garnis du duvet de la femelle. L’unique ponte annuelle réunit généralement de 8 à 12 oeufs, plus à l'occasion, de couleur jaune roussâtre à crème. L’incubation dure de 24 à 28 jours. Seule la femelle couve et élève les poussins. La prédation des nids, notamment par la Corneille noire, est plus importante lorsque les couverts végétaux s’avèrent insuffisamment élevés ou denses.

© Canard chipeau

Canard chipeau, mâle et femelle © M. Bitter

Les petits, nourris d’insectes, s‘envolent au bout de 45 à 50 jours, et gardent leur plumage juvénile, proche de celui de la femelle, durant 2 mois. Les jeunes peuvent se reproduire au bout d’un an.

Migration

En période de migration et d’hivernage, le Canard chipeau fréquente les mêmes milieux que ceux utilisés pour la reproduction, à savoir, les étangs d’eau douce à saumâtre, peu profond. Il est alors sensible au gel de ces plans d’eau, et se disperse dans de nombreux endroits en cas de gel prolongé.

La migration post-nuptiale débutant fin août, les effectifs peuvent pâtir des dates d’ouverture de chasse anticipées en France. Les départs se prolongent jusqu’en décembre. Les principales zones d’hivernage des effectifs européens se situent autour de la Méditerranée, mais des populations peuvent hiverner en Europe centrale et du Nord Ouest, ou bien plus au sud (Afrique tropicale). La période de migration pré-nuptiale commence fin janvier et s’achève vers la mi-avril, avec un pic de passage en France fin février et mars.

Le Canard chipeau, dans le monde, en France et en île de France
Un oiseau surtout nord américain

La majeure partie des effectifs se trouve en Amérique du Nord : les auteurs Rose et Scott (1997) estimaient à 2,3 millions le nombre d’oiseaux présents, pour une population mondiale de 2,5 millions à l’époque. Cette population a été depuis réévaluée entre 4,3 et 4,9 millions d’individus (Wetland international, 2015). L’état de conservation de l’espèce est classé sur la liste rouge mondiale des oiseaux menacés comme peu préoccupant. Outre la prédation et les maladies naturelles, l’espèce est chassable en France et aux USA notamment, en période de migration post-nuptiale.

En Europe

Loin derrière l’Amérique, L’Eurasie constitue le second bastion. La majorité y est distribuée à l’est, principalement en Russie et Turquie. Une seconde partie, niche en Europe du Nord-Ouest et cette population est estimée entre 20 000 et 30 000 couples. La dynamique de population en Europe apparaît contrastée : les effectifs nicheurs russes semblent enregistrer un déclin, causé par la destruction de leurs habitats. Mais hors Russie, en revanche, et surtout la population du nord-ouest, les effectifs semblent globalement en expansion, tant géographiquement (vers le Nord) que quantitativement.

La population qui hiverne eu Europe est divisée géographiquement en deux : celle d’Europe du Nord-Ouest, comptabiliserait entre 110 000 et 138 000 oiseaux, tandis que celle de l’Europe du Nord-Est, de la Mer Noire et de la Méditerranée est est imée dans une fourchette de 136 000 - 235 000 individus. L’UICN détermine les menaces sur la conservation comme peu préoccupantes en 2020 au niveau européen.

En France

La France accueille au printemps, moins de 10 % de l’effectif nicheur européen, soit entre 1 200 et 1 800 couples depuis les années 1980, avec une tendance stable. Ses bastions y sont la Dombes et le Forez (plusieurs centaines de couples chacun), puis la Champagne humide, la Camargue, le lac de Grandlieu, Noirmoutier et le cours du Rhin. L’importance de la France est plus grande lors de la saison hivernale, notre pays regroupant entre 25 000 et 35 000 individus lors des derniers comptages Wetlands de la mi-janvier, avec une tendance à court terme (dernière douzaine d’années) en légère diminution. Les oiseaux se concentrent surtout en Camargue et sur le cours du Rhin, en Brenne sur les étangs de la Woëvre et lac de Grandlieu, zones d’importance internationale ou nationale pour la conservation des oiseaux (ZICO). La présence du plus grand nombre dans des zones protégées contribue à classer l’espèce « en préoccupation mineure », tant pour la reproduction que pour l’hivernage.

© Canard chipeau

Canard chipeau mâle © M. Bitter

En Ile-de-France

L’espèce est considérée en Ile-de-France comme nicheuse très rare, migratrice et hivernante peu commune. Le seul site de nidification utilisé avec certitude concerne l’étang de Saint-Quentin-en-Yvelines. Des indices de nidification possible ou probable sur d’autres sites se comptent annuellement sur les doigts d’une seule main. Tous ces sites sont des zones protégées. Toutefois, la présence d’autres sites favorables mais inoccupés nécessiterait des études pour expliquer ce sous-effectif apparent. Le recensement hivernal à la mi-janvier donne une population jusqu’à quelques dizaines d’individus. 140 individus ont toutefois été observés à Guernes en 2004 et 142 à la Réserve Naturelle Régionale du Grand-Voyeux en 2009. En migration, l’espèce est visible sur tous les plans d’eau autant au printemps qu’à l’automne, mais en faible nombre le plus souvent. L’espèce a changé de statut régional en 2018 et elle est passée « en danger ».

© Répartition

Carte de distribution du Canard chipeau (Anas strepera) en île de France (Atlas des oiseaux nicheurs d’Île de France 2009 2014). En rouge les nicheurs certains, en orange les nicheurs probables. Les cercles concentriques donnent une idée des effectifs nicheurs par maille du quadrillage : de 1 à 10 couples pour les petits cercles.

© Canard chipeau

Canard chipeau, mâle et femelle © M. Bitter

Le saviez-vous ?

L’espèce mérite-t-elle vraiment ses appellations ? En effet, le nom scientifique strepera se réfère à une voix bruyante, ou très grave. Dans la réalité, mâle et femelle ne sont pas plus bruyants que leurs cousins Colverts, de même, la tonalité de leurs sons n’est pas plus grave… Son nom commun est à peine moins ambigu : certains vont jusqu’à expliquer le terme chipeau en expliquant que ce canard « chiperait » aux canards plongeurs les plantes aquatiques en eau profonde qu’il ne peut arracher lui même… D’autres, plus sérieux, relie le mot chipeau à de chipe, mot de l’ancien français. Chiper signifierait alors « passer au tan ». Derrière chipeau, il y aurait donc l’idée des couleurs brun et roux. Un de ses autres noms connus, originaire du Nord « ridenne » proviendrait du mot ancien « ride » définissant une toile grise rousse. Ce qui paraît un peu plus justifié au vu de la coloration principale du plumage du mâle. Par ailleurs, l’espèce compte 23 autres noms vernaculaires de l’espèce en France.

Bibliographie

Ouvrages

  • Les oiseaux d’Europe de Christopher Perrins Michel Cuisin, Delachaux et niestlé (1997)
  • Guide des oiseaux de France et d’Europe de R. Peterson, G. Mountfort, P.A.D. Hollom, Paul Géroudet (1997)
  • Les palmipèdes d’Europe de Paul Géroudet (1980)
  • Oiseaux nicheurs de Paris. Un atlas urbain. CORIF, Delachaux et Niestlé, monographie du Canard chipeau rédigée par Maxime Zucca
  • Oiseaux menacés et surveillés en France de Gérard Rocamora et Dosithée Yeatman-Berthelot SEOF LPO (1999)
  • liste rouge régionale des oiseaux nicheurs -Agence régionale de la Biodiversité 2018-
  • Liste rouge des oiseaux nicheurs de France metropolitaine 2016

Sites internet