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Le Chevalier guignette

Actitis hypoleucos

 

 

Entre ornitho on dit couramment « la Guignette », c’est le Limicole le plus facile à observer en Ile-de-France.

  © J. Coatmeur

© Chevalier guignette - J. Coatmeur

 

Ordre : Charadriiforme
Famille : Scolopacidé
Genre : actitis
Espèce : Actitis hypoleucos

La guignette

De taille moyenne : 20 cm de hauteur, 33 cm d’envergure, plus grand que les bécasseaux, c’est le plus petit des chevaliers. Son dos et son cou sont bruns, son ventre et sa poitrine sont blancs. Son bec est à peu près égal à la longueur de sa tête. La couleur de ses pattes n’aide pas à l’identification car elle peut varier du brun clair au rose terne en passant par le brun foncé ou encore le jaune clair. Pour ma part je trouve que le principal critère d’identification quand il est posé est le blanc de la poitrine qui monte entre l’aile et le cou, cette caractéristique qu’on appelle « rentrant blanc » lui est propre. En vol, il est le seul chevalier à avoir une nette bande alaire claire.

© Chevalier guignette

© Dessin de chevalier guignette (Actitis hypoleucos), François Desbordes. Mâle et femelle ont le même plumage.

Son chant est une suite rythmée rapide, saccadée et trisyllabique « tsit-tsit-tsit », répétée continuellement lors du vol nuptial. Le mâle chante d’avril à septembre mais surtout en juin, juillet et août. La femelle peut donner aussi de la voix.

Un oiseau des milieux humides

Il affectionne tous les endroits humides comme les forêts inondées et les plages, sans préférence pour l’eau salée, saumâtre ou douce. On peut l’observer le long des cours d’eau, des étangs et même des mares. Ses principaux prédateurs sont la martre et le renard pour les mammifères. Les Milans noir et royal, et le Busard des roseaux pour les oiseaux.

  © Moineau – Jean-François Magne

Chevalier guignette © J. Coatmeur

Le temps des amours

La parade nuptiale qui a lieu dans toute l’Europe est caractéristique : le mâle élève ses ailes à la verticale en criant, il informe ainsi sa partenaire de ses intentions, mais aussi ses rivaux. Si cela n’est pas suffisant pour évincer ces derniers, le contact réel est possible par le bec et la poitrine.

La ponte compte en général quatre oeufs qui sont couvés à tour de rôle, comme le mâle et la femelle sont identiques il est difficile de dire lequel est sur le nid. Ce dernier est en général en hauteur par rapport au cours d’eau proche, probablement pour tenir compte d’une montée des eaux. Situé entre 10 et 50 m des rives le nid consiste en une simple dépression dans le sol en forme de cuvette et garnie d’herbes sèches.

L’oiseau qui ne couve pas monte la garde, si un danger approche il prévient doucement son partenaire. Plusieurs techniques de protection sont alors employées : soit le couveur s’envole et se pose 50 mètres plus loin, observant et attendant que le danger s’éloigne. Soit, il quitte le nid et fait mine d’être blessé, il tombe souvent, traîne la patte, laisse pendre une aile comme si elle était cassée. Ceci afin de berner le prédateur, ce dernier le suit en espérant l’attraper et quand le Chevalier guignette juge être suffisamment éloigné de son nid il s’envole.

Si tout va bien, 3 semaines après l’accouplement l’éclosion a lieu. Les adultes enlèvent les coquilles vides trop visibles aux prédateurs et réchauffent leurs poussins. Petit à petit les jeunes s’émancipent, d’abord sans trop s’éloigner des parents qui veillent, puis ils prennent de l’assurance. Une semaine passe et les jeunes sont émancipés. Si un accident se produit, une ponte de remplacement est mise en route, dans ce cas les jeunes partiront en migration à la fin de l’été.

© J. Coatmeur

Chevalier guignette © J. Coatmeur

Un voyageur chevronné

Le Chevalier guignette est un migrateur nocturne qui peut parcourir jusqu’à 10 000 km entre L’Europe du Nord et l’Afrique subsaharienne. En Île-de-France, c’est justement en période migratoire que l’on peut l’observer le plus facilement : Pour la plupart, des individus qui se reproduisent en Europe du Nord-Ouest et qui hivernent essentiellement en Afrique de l’Ouest et en zone tropicale au sud du Sahara. Mais l’hivernage en Europe occidentale tendrait à se développer : ainsi, la façade atlantique de France et même la pointe sud-ouest de l’Angleterre est aussi propice. De même d’ailleurs, pour tous les endroits humides, à l’intérieur des terres de l’Espagne et du Portugal, la péninsule Ibérique et la côte méditerranéenne de la Turquie au Maroc.

Effectif et tendance en Europe, en France et en Ile-de-France

L’aire de répartition du Chevalier guignette est assez vaste puisqu’elle s’étend de l’Europe de l’Ouest jusqu’au Kamtchatka et au Japon. Il se reproduit essentiellement en Europe du Nord (Norvège, Suède, Finlande), en Russie, Biélorussie et dans les pays baltes, mais il est aussi présent dans tous les pays d’Europe et fait l’objet d’une préoccupation mineure au niveau mondial (UICN monde). La population nicheuse d’Europe du Nord-Ouest est cependant en déclin modéré et continu depuis la fin des années 1990 (Suède, Finlande, Grande-Bretagne, Ukraine notamment).

En France, la guignette se reproduit principalement dans l’est de la France : le Jura, l’Alsace, la Loraine et la Franche-Comté ainsi que dans le Massif Central, les Alpes et plus localement dans les Pyrénées. D’après l’UICN, la population nicheuse est quasi-menacée : elle est stable depuis les années 1980, entre 700 et 1000 couples (2011). D’après l’Atlas des oiseaux de France métropolitaine, les effectifs en hiver seraient en forte augmentation depuis les années 1990 atteignant quelques milliers d’individus contre 500 à 800 au début des années 1980. En Île-de-France, le chevalier guignette peut être observé dans tous les départements.

carte chevalier guignette

Carte des observations de Chevalier guignette en Île-de-France de 2010 à 2019 (issue de Faune Île-de-France)

Il est exclusivement estivant, on peut le contacter d’avril à octobre. Il peut nicher occasionnellement dans notre région : la dernière preuve datant de 1994, soit il y a 25 ans. Les observations hivernales se font assez rares, entre 5 et 15 individus chaque hiver. Certains sites sont toutefois connus pour être fréquentés à cette saison comme le centre nautique de Jablines en Seine-et-Marne ou dans le bras mort de Seine à Archères dans les Yvelines par exemple. J’ai eu la chance de le voir au lac de Créteil en plein hiver. Cependant une telle observation en décembre est exceptionnelle.

stat chevalier guignette

Nombre d’individus observés en fonction des mois de l’année pour 2017 et 2018 (issu de Faune Île-de-France)
Le Chevalier guignette est contacté essentiellement en avril et mai lors des migrations prénuptiales puis de juillet à octobre lors des migrations postnuptiales.

Le saviez-vous ?

Critère important pour l’identification : il hoche souvent la queue dès qu’il se pose et quand il se déplace en marchant. C’est d’ailleurs ce comportement qui lui a valu son nom de chevalier guignette.

© Lea Schlemmer

© Chevalier guignette - Aquarelle et crayon de Léa Schlemmer

Bibliographie

Ouvrages

  • P. Géroudet. Limicoles gangas et pigeons d’Europe. Delachaux et Niestlé.
  • Bossus et F. Charron. Guide des chants d’oiseaux d’Europe occidentale. Delachaux et Niestlé.
  • L. Svensson, K. Mullarney et D. Zetterstrom. Le guide Ornitho. Delachaux et Niestlé.
  • Nombre d’individus observés en fonction des mois de l’année pour 2017 et 2018 (issu de Faune Île-de-France) Le Chevalier guignette est contacté essentiellement en avril et mai lors des migrations prénuptiales puis de juillet à octobre lors des migrations postnuptiales.
  • Gariboldi et A. Ambrogio. Le comportement des oiseaux d’Europe. Salamandre.
  • H. Walter et P. Avenas. La mystérieuse histoire des noms d’oiseaux. Robert Laffont.
  • Le Maréchal P., Laloi D. et Lesaffre G. (2013). Les oiseaux d’Île-de-France. Nidification, migration, hivernage. CORIF-Delachaux et Niestlé, Paris. 512 pages.
  • Issa N. & Muller Y. (2015). Atlas des oiseaux en France Métropolitaine. Nidification et présence hivernale. LPO / SEOF / MNHN. Delachaux et Niestlé, Paris, 1408 p.
  • Atlas des oiseaux d’Ile-de-France, 2009-2014, CORIF.

Sites internet

Article rédigé par Jacques Coatmeur