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L'espèce du mois
Le Moineau domestique
Passer domesticus
Commun en milieu urbain, cet oiseau passe presque inaperçu. Il est pourtant une composante à part de nos villes.
Le piaf parisien, petite boule de plumes sautillante et piaillante, dispose d’une certaine notoriété malgré tout.
Il fait résonner les toits de son piou-piou caractéristique et vivre les parcs en joyeuses bandes survoltées.
Nous pourrions nous intéresser plus à ce petit oiseau.
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© Moineau domestique mâle. - N. Kvokka
Ordre : Passeriforme
Famille : Passéridé
Genre : Passer
Espèce : Passer domesticus
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Un plumage discret
Trop timide le moineau ? C’est bien de leur coloration sobre que les « petits moines » tiennent leur nom.
Le Moineau domestique présente un dimorphisme sexuel : mâle et femelle sont aisément différenciables. La tête
du mâle présente une calotte et une nuque grise, avec des bordures châtaigne derrière l’oeil, des joues blanchâtres
et une bavette noire qui se prolonge sur la poitrine. Le manteau est rayé de noir, roux et roussâtre alors
que le dessous du corps est blanchâtre. La femelle a la tête brune, soulignée par un sourcil clair de
l’oeil jusqu’à la nuque. Les parties supérieures du corps sont striées de brun, gris et noir et les parties
inférieures sont brun-grisâtre. Globalement, la femelle présente des teintes plus ternes.
Moineau domestique, Passer domesticus. Mâle à gauche, femelle à droite. © Dessins de François Desbordes
Moineau domestique mâle © A. Bloquet
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Moineau domestique femelle © P. Richard
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Un amoureux de l’homme
Notre compagnie lui plait. C’est l’un des oiseaux les mieux adaptés à vivre aux côtés de
l’homme. C’est d’ailleurs ce qui lui a valu le nom de « domestique ». Absent des milieux
forestiers clos et des espaces désertiques, on le trouve presque partout où nous avons
construit des bâtiments, dans les villes et les villages. A condition quand même qu’il y ait un
minimum de végétation pour trouver des matériaux pour nidifier et se nourrir. Malgré son bec
de granivore, le moineau est omnivore : il se nourrit de graines, insectes et bourgeons. Mais il
est aussi très débrouillard et n’hésite pas à picorer tout ce qu’il trouve, quitte à explorer les
restaurants sur les tables, sous les chaises ou au pied des poubelles.
Les amours
Moineau domestique, nourrissage des jeunes © J.F Magne
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Dès le mois de janvier, le mâle
commence à choisir son territoire
et le défendra de plus en plus
intensément, le printemps
approchant. Le moineau est une
espèce monogame et les couples
sont même probablement
formés pour la vie. En mars, c’est
le début des parades nuptiales
bruyantes, de la construction du
nid puis des premières tentatives
d’accouplement. Comme chez la
plupart des espèces monogames
et sociales, il peut parfois y avoir
des accouplements infidèles.
Cavernicoles et grégaires, les moineaux installent leurs nids dans des espaces creux assez
variés : souvent sous les toits, d’où les réveils matinaux. Ils peuvent aussi utiliser des nichoirs
ou des nids d’hirondelles quitte à en chasser les occupants. Une femelle pond de 5 à 6 oeufs
en moyenne par nichée qui seront couvés par les deux parents : l’incubation dure environ 12
jours. Les oisillons sont nourris par les deux parents de larves, d’insectes puis aussi de graines.
Ils quittent le nid après environ 15 jours.
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Les couples effectuent en général trois ou quatre
nichées par an. Cette multiplication des naissances est compensée par une forte mortalité des
jeunes (pluies, jeunes tombés du nid, écrasés par les voitures ou capturés par les prédateurs
tels que les chats ou certains rapaces).
On est bien chez soi
Les moineaux ne sont pas des plus aventureux. Ce sont des oiseaux complètement
sédentaires. Un moineau né dans une ville y reste généralement toute sa vie. On peut
d’ailleurs les voir s’activer en toute saison.
© Moineau domestique - Aquarelle et crayon de Léa Schlemmer
Heureux comme un moineau
C’est un oiseau très sociable ! Les moineaux
recherchent la compagnie de leurs congénères.
Ils nichent souvent en colonies et forment des
bandes parfois même interspécifiques en
intégrant des congénères friquets. Ils se
nourrissent au sol et fuient tous ensemble si
quelque chose leur fait peur. En dehors de la
période de reproduction, ils dorment aussi en
groupes, dans des dortoirs communs parfois de
plusieurs centaines d’individus. On peut les
observer souvent prenant des bains de poussière
pour nettoyer leurs plumes et se débarrasser
ainsi des parasites qui s’y trouvent.
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Moineaux domestiques au bain © J. Coatmeur
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Le Moineau domestique dans le monde, en France et en Ile-de-France
Le Moineau domestique serait originaire du Moyen-
Orient. De là, il aurait étendu son aire de répartition en
Eurasie et en Afrique du nord en suivant les populations
humaines et leurs activités agricoles, profitant ainsi de
leurs récoltes. Au cours du XIX siècle, il a été introduit par
l’homme et s’est établi sur les continents américain,
africain, en Australie, en Nouvelle-Zélande et sur de
nombreuses îles dans le monde. Il occupe, depuis, une aire
géographique très vaste et vit dans des milieux variés,
aussi bien tempérés que subtropicaux. En Asie de l’Est, il
est rare et remplacé par le Moineau friquet (Passer
montanus). En Europe, l’espèce est en déclin modéré
depuis 1980, en particulier dans les grandes
agglomérations comme Londres, Bruxelles ou Berlin et les
régions agricoles. Il semblerait que les causes de ce déclin
ne soient pas homogènes partout : en milieu urbain, les
moineaux ont bien du mal à se reproduire à cause de la
difficulté à trouver des sites de reproduction, la pollution croissante et la diminution de la
ressource alimentaire. En milieu rural, l’agriculture intensive et l’usage de pesticides en tout
genre lui causent du tort : on observe un très faible taux de survie des jeunes, lié à la difficulté
qu’ont les parents à trouver des insectes pour les nourrir.
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Moineau domestique mâle © D. Feng
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En France, le Moineau domestique est aussi en déclin modéré et récent à l’image de la
situation à l’échelle européenne. Les régions les plus concernées sont : le Vaucluse, les Pays
de la Loire, la Picardie et aussi l’Île-de-France. On estime toutefois entre quatre et sept millions
le nombre de couples nicheurs sur le territoire national (2009-2012). L’espèce est classée en
préoccupation mineure par l’UICN.
En Île-de-France, le Moineau domestique est considéré en déclin modéré également. C’est
surtout à Paris que la situation est préoccupante. Le cri du moineau se fait de moins en moins
entendre. Il est si commun qu’on ne le voit plus, on ne voit même pas qu’il n’est plus là : dans
Paris intra-muros, le moineau décroît de manière fulgurante ! C’est en tout cas, ce qui ressort
de « l’enquête moineau » réalisée conjointement depuis 2003 par la LPO – Île-de-France et le
Museum national d’Histoire naturelle : 73% des moineaux parisiens auraient disparu entre
2003 et 2016 ! Quelles sont les causes de ce déclin très brutal ? A ce sujet, plusieurs
hypothèses sont avancées : les petits piafs ont bien du mal à trouver des matériaux pour
nicher. Les ravalements de façades, les rénovations de quartiers, les surfaces lisses des
bâtiments modernes (vitre ou PVC) totalement dépourvus d’anfractuosité privent le moineau
d’habitat de nidification. Puis, l’intensification de l’urbanisation, la destruction des buissons
et la diminution de la ressource en insectes privent les moineaux de nourriture et notamment
au moment du nourrissage des jeunes. Et voici comment l’environnement urbain, de plus en
plus bétonné, plonge peu à peu Paris dans le silence mécanique.
Courbe illustrant le déclin du Moineau domestique dans Paris intra-muros issu de l’enquête
moineau de 2003 à 2016.
Les effectifs nicheurs au niveau régional sont estimés entre 500 000 et 1 000 000 de couples.
Le statut UICN en Île-de-France est le même qu’au niveau national : préoccupation mineure.
Et le Moineau domestique est encore présent sur tout le territoire :
Carte de nidification du Moineau domestique (Passer domesticus) en Île-de-France (issue de l’Atlas des
oiseaux nicheurs d’Ile-de-France, 2009-2014).
Le saviez-vous ?
L’enquête menée depuis 2003 sur les colonies de Moineau domestique nous apporte de
précieuses informations sur l’évolution des effectifs locaux, sur les menaces qui pèsent sur
l’espèce et nous permettent d’identifier les mesures de protection adaptées. Si vous souhaitez
suivre une colonie ou si vous souhaitez transmettre vos
observations de Moineau domestique, c’est possible en
écrivant à cette adresse : enquetemoineaux@lpo-idf.fr.
Et pourquoi ne pas installer un nichoir à moineaux chez
soi ? Ceux-ci permettent de leur fournir des habitats de
reproduction qui justement se raréfient ! Si l’on est un
petit peu bricoleur on peut très bien le construire soimême.
On peut aussi l’acheter tout fait dans le commerce
ou sur la boutique en ligne de la LPO par exemple.
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Bibliographie
Ouvrages
- P. Géroudet (1980). Les passereaux III. Des pouillots aux moineaux. Delachaux et
Niestlé, 287 pages.
- Atlas des oiseaux d’Ile-de-France, 2009-2014, CORIF. Moineau domestique Passer
domesticus.
- Le Maréchal P., Laloi D. et Lesaffre G. (2013). Les oiseaux d’Île-de-France. Nidification,
migration, hivernage. CORIF-Delachaux et Niestlé, Paris. 512 pages.
- L. Svensson, K. Mullarney, D. Zetterström (2015). Le guide ornitho, Delachaux et
Niestlé. 446 pages
- N. Issa, Y. Muller (2015). Atlas des oiseaux de France métropolitaine, Delachaux et
Niestlé.
Revues
- J.P. Veiga (1992). Why are house sparrows predominantly monogamous? A test of
hypotheses. Animal behaviour, volume 43, issu 3. Pages 361-370.
- S.C Griffith, I. R. K. Stewart, D.A. Dawson, I. P. F. Owens, T. Burke (1999). Contrasting
levels of extra‐pair paternity in mainland and island populations of the house sparrow
(Passer domesticus): is there an ‘island effect’? Biological Journal of the Linnean
Society, volume 68, issue 1-2. Pages 303-316.
- R. Václav, H. Hoi, D. Blomqvist (2003). Food supplementation affects extrapair
paternity in house sparrows (Passer domesticus). Behavioral Ecology, Volume 14, Issue
5. Pages 730–735.
Sites internet
Article rédigé par Dalila Hachemi et Marjorie Charpentier |