Haut de page

Saisir vos observations
L'espèce du mois

La Foulque macroule

Quel est ce gros oiseau bossu avec des pattes d’alien ? Tout noir, un front blanc… plouf !

Espèce du mois
Lire la suite...
Photothèque Sonothèque Bibliothèque Saisir vos observations L'espèce du mois
L'espèce du mois

Le Chien viverrin

Le Chien viverrin, Nyctereutes procyonoides

Gare à « la » confusion !

© wikipédia

le chien viverrin, un petit canidé sauvage à l’allure pataude
Photo © wikipédia

Regardez ce petit animal à la bouille si sympathique : forcément, pour celles et ceux qui n’ont pas une grande sensibilité au monde sauvage, cette boule de poil passerait haut la main pour un raton laveur !

D’ailleurs bon nombre de nos voisins ont joué la carte de la similarité au travers son nom, puisque les anglais l’appelle « Racoon dog » et les Néerlandais « Wasbeerhond », littéralement « chien raton-laveur ».

Comme son faux-jumeau, il appartient à la Classe des Mammifères et l’Ordre des Carnivores, mais est bel et bien de la Famille des Canidés, alors que le raton-laveur est un Procyonidé.

© wikipédia

qui est qui ? Une ressemblance faciale frappante entre le chien viverrin et le raton-laveur
Photo © wikipédia

Pour le décrire, ce n’est pas compliqué :

Vous prenez un renard. Vous rétrécissez ses pattes et sa queue de moitié, tout en gardant la même taille au garrot ; vous lui rajoutez un bon petit bidon et un pelage noir à gris argenté dense. Enfin vous lui ôtez son côté prédateur et ne conservez que son penchant opportuniste omnivore, et vous obtenez ce curieux petit carnivore, unique par trois fois :

- Il est le seul représentant du genre Nyctereutes ; ses lointains parents sont tous « fossiles ».

- Il est le seul de sa grande Famille à réellement hiberner… mais attention : il peut avoir le choix de rester actif en hiver si la température est au-dessus de -5°C.

- Il est aussi le seul Canidé à posséder ce fameux masque facial sombre, qui le rapproche tant du « Racoon ».

Et bien cet animal à l’allure bon enfant a connu des heures bien sombres, qui encore aujourd’hui ont du mal à s’estomper, comme nous allons le découvrir maintenant…

Expansion involontaire et souffrance omniprésente…

Le chien Viverrin porte lourdement sur ses épaules le poids de sa rencontre avec les êtres-humains, surtout depuis le début du vingtième siècle.

En effet, cet animal sauvage ayant pour terre d’origine l’Extrême-Orient (Asie de l’est) s’est vu fortement apprécié pour sa fourrure, et subir de fait ce que tous ces homologues au doux poil ont pu subir :

L’animal fût d’abord introduit de force par l’ex-union soviétique dans ce qui est aujourd’hui une petite partie de l’Europe de l’est, en vue d’augmenter les possibilités d’exploitations de fourrure, notamment fortement influencé par les besoins de l’armée rouge en vestes chaudes pendant la seconde guerre mondiale…

© wikipédia

Le chien viverrin subit encore beaucoup trop les caprices de l’Homme
Photo © wikipédia

Ainsi donc notre canidé, qui n’est en outre pas le dernier des cosmopolites, s’est vu réussir à augmenter sa population et son aire de répartition en milieu naturel uniquement pour satisfaire les besoins vestimentaires de l’Homme dans une période critique.

Bien évidemment cet animal était aussi élevé dans des conditions atroces ; ces faits furent d’ailleurs utilisées comme fers de lance de la cause animal et de leurs maltraitances au travers un support vidéo violent (les animaux sont dépecés vivants pour la qualité de la fourrure) qui a choqué l’opinion publique internationale, mais qui n’a malheureusement pas eu l’effet escompté, puisque ces activités encore aujourd’hui perdurent…

En Île-de-France, c’est en Seine-et-Marne (77) que le chien viverrin fît sa première apparition, victime de la circulation routière aux alentours de Crécy-la-Chapelle en début d’année 1995. Depuis il n’a donné signe de vie, et de manière générale il reste peu motivé à s’installer sur le territoire Français malgré des écosystèmes favorables.

Il semblerait que notre sombre boule de poil, descendant probable de la souche d’Europe centrale, vive de ci de là avec la plus grande des discrétions sur une bonne partie de l’est du pays (Moselle et Aisne notamment) et réussisse même à se reproduire en Saône-et-Loire ;

Mais étant donné son statut juridique de « nuisible », l’animal à peine débarqué est déjà peu apprécié par certains et risque peu de faire mouche !

Bien heureusement pour lui, il est un endroit où les êtres-humains le vénèrent…

Le Japon, ou comment brosser le chien viverrin dans le sens du poil !

Son petit nom commun au Japon est « tanuki », et il est une région où quelques villages le respectent et le vénèrent, car il est pour ces habitants un des fameux « yōkai 狸 », grands esprits de la forêt !

© wikipédia

Tanuki du village de Shigaraki : le chien viverrin est un esprit de la forêt (yokaï) très respecté et se retrouve devant beaucoup de demeures sous forme de statuette
Photo © wikipédia

Il est pour les japonais le symbole de chance et de prospérité, et de ce fait est très représenté dans l’art et les contes japonais depuis le Moyen Âge, et restent très populaires au Japon, où il est « représentés portant un chapeau de paille et une gourde de saké, avec un ventre rebondi qu’ils utilisent comme un tambour et des parties intimes de grande tailles (…) L’image comique des tanuki s’est développée durant l’ère Kamakura. Les tanuki sauvages actuels ont des gros testicules, un trait physique qui a inspiré des descriptions artistiques exagérées de la créature. Ceux-ci sont supposés pouvoir s’étirer jusqu’à une superficie de huit tatamis, soit près de 13 m²! Maître des déguisements, il est réputé pouvoir changer de forme à volonté » (www.lestanukialouest.fr)

© wikipédia

Gravure d’hommes voulant le « Tanuki » (nom du chien viverrin chez les Japonais), porteur de chance, de prospérité… et d’énormes parties pour se défendre de ses assaillants !
Gravure © wikipédia

De nos jours encore, et à l’heure où la culture japonaise s’étend à l’ensemble de la planète par le biais des mangas ou jeux vidéo, le tanuki voit sa popularité s’étendre, comme le prouve notamment le film d’animation « Pompoko » (excellent film d’animation que je vous conseille, sur le devenir de la nature quant à la progression démesurée de l’Homme, vu par un animal qui a du mal à porter un jugement sur l’humain, le considérant comme toute espèce vivante comme son égal…).

Mais loin des écrans, et malgré son apparente forte expansion involontaire, le chien viverrin reste un animal sauvage à l’avenir plus qu’incertain… souhaitons-lui bonne chance et du meilleur pour la suite.

© wikipédia

Le chien viverrin, animal sympathique opportuniste au triste destin…
Photo © wikipédia

© wikipédia

Aire de répartition du Chien viverrin. En bleu où l'espèce est autochtone, en rouge où elle a été introduite.
Carte © wikipédia